J’ai vu pas mal de questions passées sur le comment on fait un patron, j’aimerai bien me lancer, comment vendre? Je décrypte tout ça avec toi de l’inspiration à la vente voir même plus pour que tu saches comment concevoir et vendre tes propres patrons de couture.
Lors de mes études de mode et de design, j’ai approfondi cette démarche de conception que je te partage après. Pour ce qui est de la partie vente, je me forme encore sur le sujet de même que la communication. Si tu as des précisions à m’apporter sur le sujet je serai heureuse de mettre à jour cet article. Je t’invite donc à participer une fois ta lecture finie en me laissant un petit commentaire.
S’inspirer
Avant de te lancer. Tu dois définir qu’elles sont tes envies mais surtout qu’elles sont les envies de tes clientes cibles (et ça tu le détermines à la naissance de ton concept). On n’oublie pas, on vend à quelqu’un, pas à nous même. Il est très important de prendre en compte les désirs des clients. Par exemple tu ne te sers jamais de tes poches et tu n’en vois pas l’utilité. Oui mais ça c’est toi, tes clientes, elles ont peut-être besoin de leur poches! Demande leur leurs avis. Tu peux donc déjà à ce moment-là poser ton cahier des charges. Écris-le quelque part pour l’avoir à la vue et y revenir pour te tenir aux impératifs.
Mais concrètement comment je m’inspire. Alors là, vaste question. Tout dépend de toi. Pour certaines tu pourras t’inspirer de la nature, de tes sorties, des vitrines que tu verras. Pour d’autre ça sera les réseaux sociaux, Instagram, Pinterest, et les magazines. Je t’invite toutefois à ne pas trop suivre le travail de tes collègues dans cette phase d’inspiration. On peut se retrouver très vite fortement influencé sans forcément le vouloir et être accusé de plagiat. Ce que de mon point de vue je comprends. Tu aimerais qu’une autre créatrice se fasse de l’argent sur tes inspirations et idées? Non je ne pense pas.
Alors laisse libre court à ton imagination et à tes stylos, pinceaux, feutres, etc…
Patronnage / Moulage
Tes idées sont définies, tu sais ce que tu veux. A toi de jouer, tu vas devoir créer ton patron. Pour ça 3 manières : créer le patron à partir de 0, à partir d’un modèle, ou réaliser un moulage.
Les deux premières méthodes impliquent d’avoir une maîtrise du volume par conception à plat. Pour faire ton patron à partir de 0 tu dois par exemple tracer ton buste de base dans la taille que tu juges de base (et en fonction de ta clientèle cible). Après cela tu lui appliqueras les modifications nécessaires.
Tu peux partir d’un patron déjà existant, par exemple d’un que tu as déjà réalisé, ou alors d’un Burda. Attention cependant à appliquer beaucoup de modification, tu ne peux pas vendre un patron Burda sur lequel tu aurais juste rajouté un poignet!!
Tu peux soit réaliser toutes ces étapes avec tes petites mains, du papier et des outils de traçage. Ou alors tu maitrises Modaris, Valentina ou que sais-je et tu peux donc travailler sur ton ordinateur.
Il reste enfin le moulage. Tu dessines les lignes à l’aide de bolduc (ou de bande adhésive spécifique) directement sur ton mannequin, et avec la toile, tu crées le vêtement. Ça te permet d’apprécier les différents volumes et d’avoir tout de suite un rendu de ton travail. Une fois tes ajustements faits tu repasses le tout en patron digital pour le rendre exploitable par tes clientes.
Prototypage
Ton modèle est au point. Tu l’as industrialisé (c’est le nom qu’on donne lorsqu’on rajoute les valeurs de couture et les informations). Tu peux donc découper ton premier tissu, un de ceux qui se prête bien au patron. Réalise ce patron, avec rigueur et comme si c’était le vêtement final. Même si ce n’est pas la version finale, lors du shooting photo, si le modèle se rapproche du définitif il servira. De manière général ce proto pourra servir aussi à ta communication alors n’utilise pas un tissu à 30€ du mètre. N’utilise pas non plus un tissu de très mauvaise qualité qui ne serai pas fidèle au vrai rendu. Une fois fini, essaye le, ou encore mieux fait le essayer pour l’ajuster au mieux à ta convenance.
Rectification, proto, test et gradation.
Tu vas ensuite reprendre ton patron pour l’adapter aux ajustements. Tu peux mettre en place certaines astuces mais tout dépend de la manière dont tu travailles. Si tu utilises du papier, le scotch et la colle seront tes meilleurs alliés. Le processus informatique a quant à lui l’avantage de pouvoir subir toutes les modifications que l’on souhaite sans avoir à tout recommencer.
Et une fois fait, tu vas recouper un autre tissu et remonter un nouveau prototype, et ce jusqu’à ce que le rendu soit au top. Si tu fais appel à des testeuses et que tu as des doutes sur certaines choses, alors tu pourras compter sur elles pour qu’elles t’apportent leur retour. Mais pour cela il faudra que tu ais gradé ton modèle pour leur proposer à leur taille. Et en terme de gradation rien de mieux que l’informatique pour un gain de temps évident.
Ensuite tu montes ton prototype final, celui pour le shooting. Mais aussi toutes les versions et déclinaisons de ton produit. Tu peux utiliser des tissus spécifiques, si tu bosses en partenariat avec une marque de tissu (ça permet d’accroître votre visibilité à chacune). Réalise des finitions soignées. Apporte ta touche avec par exemple des galons, boutons, ou autre. Pourquoi ne pas faire développer un motif pour ce modèle, et vendre un tissu avec (mais là c’est un autre sujet).
Créer tes visuels et support de communication.
Ton modèle et ses déclinaisons sont prêts, tes patrons sont au top, tout est prêt de ce point de vue-là. Maintenant tu vas devoir réaliser de belles photos vendeuses. Adapter à ton site, à tes réseaux sociaux. Réfléchir à la composition de celles-ci pour qu’elles révèlent ta touch et que dès qu’on les voit on repère ton univers.
On scrolle toutes sur les réseaux sociaux, voir défilé une photo qui ne reflète pas la personnalité ou l’image de marque de la créatrice c’est faire défiler des photos qui pourraient provenir de n’importe qui et c’est dommage. Alors soigne tes présentations, à la manière des mannequins professionnels (ou planque la main dont le vernis est écaillé). Apporte des couleurs, une lumières, des objets qui font sens avec ta création. Le bibi avec une combinaison camouflage ce n’est pas forcément la bienvenue (ou alors tu en fais un concept à part entière et tu assumes!).
Créer la notice de montage
Tu sais comment monter ton vêtement, parce que tu l’as pensé. Mais les personnes qui vont acheter ton patron n’ont pas forcément ton savoir-faire. C’est le moment pour toi de définir (si ce n’est pas déjà fait) le niveau de couture nécessaire à la réalisation de ton patron. Et pour ça tu peux t’aider de mon référentiel de la couturière créative que je mets à ta disposition.
A toi maintenant de savoir si tu veux réaliser tes explications à l’aide de photos (et dans ces cas là j’espère que tu as photographié chaque étape lors des protos, sinon tu vas devoir en refaire un. De même si tu choisis les explications vidéos (attention celles-ci te demanderont d’avoir le temps et les compétences pour monter une vidéo, et c’est long, très long!). Tu peux aussi te contenter de texte (mais la ça ne parlera pas à beaucoup, qui aime les explications Burda?). Ou alors ajouter des dessins. L’avantage de ceux-ci c’est qu’ils sont moins soumis à la qualité d’impression de tes clientes. En effet si tu as déjà imprimé des photos en noir et blanc tu sais de quoi je parle quand les photos sortent toutes noires sans contrastes. Assez embêtant. Tu peux aussi pourquoi pas fournir un diaporama, accessible par QRCode permettant à la cliente de suivre pas à pas le montage sur son smartphone.
Je pense qu’il y a des tonnes de moyens de réaliser cette étape. A toi de voir si tu veux combiner les techniques? Avoir un livret papier, un fichier PDF, vidéo?
Communiquer sur son produit
A ce sujet je ne suis pas une experte, mais je te transmets ici ce que j’ai compris. Si tu débutes seulement tu devras fournir plus que si tu as déjà une certaine autorité sur ton réseau social de référence. Ne t’étend pas sur tous les réseaux dès le début. C’est certes une manière d’augmenter sa visibilité, mais aussi une manière de se retrouver très vite submergé! A chaque réseaux sociaux, ses codes, son algorithme, son public. A toi de choisir celui qui te correspond le mieux mais surtout celui où ta clientèle cible se trouve! Une fois que tu en auras la maîtrise tu pourras t’étendre sur d’autres si l’envie t’en dit.
Pour affronter l’algorithme, il te faudra être régulière dans tes publications, et surtout être présente voir même très présente. Tu vas devoir te montrer, montrer tes valeurs, je ne te dis pas de nous montrer toute ta vie perso (parce que ça ne ferai pas très professionnel), mais pourquoi pas montrer ton processus de création, expliquer les choix que tu as fait et pourquoi, etc… Il y a plein de sujets sur lequel communiquer en lien avec ton projet. Alors n’hésite pas. Tu peux retrouver plein de formation sur internet aux sujets des réseaux sociaux, tu auras l’embarras du choix.
Impression, packaging (facultatif)
Si tu as choisi le format papier, tu vas devoir lancer ta commande auprès de ton imprimeur, et emballer tous tes petits patrons et leurs explications dans un packaging que tu auras dû imaginer en amont. Et attention cela à un coup, certes que tu répercuteras dans le prix de vente, mais tu devras avancer cette trésorerie, alors j’espère que tu as les épaules solides!
Créer les supports pour vendre tes patrons de couture
Tu vas devoir mettre ta création en vente, et pour ça tu as plusieurs solutions. Si tu crées des patrons papier, tu peux t’adresser aux vendeurs de tissu, aux merceries, à tous les sites de e-commerce, mais aussi aux magasins physiques. Si tu ne vends que du produit digital, tu vas sois devoir te rapprocher de plateforme tel que Makerist ou Wissew pour vendre tes patrons. Ou tu as un site internet/boutique sur lequel tu pourras mettre en direct tes patrons, et recevoir les paiements. Cela implique que tu saches mettre en place une page de vente, lié avec un compte Paypal ou Stripe pour récolter l’argent. Que tu saches aussi automatiser l’envoie de tes patrons pour que les personnes les reçoivent aussitôt le paiement fait. Enfin bref une tonne de compétences techniques à acquérir qui n’ont pas forcément avoir avec la mode et la couture.
Gérer ton SAV
Voilà ton patron s’est vendu. Tu as maintenant des clientes. Tu peux disparaître de la surface de la terre. Oui mais non, si tu fais ça, les ventes risquent de s’arrêter très vite, et ça ne reflétera pas ton sérieux. Tes clientes vont rencontrer des problèmes car elles n’arriveront pas à télécharger les instructions (ça te permettra de vérifier qu’il n’y a pas de bug en provenance de chez toi, personne n’est à l’abri, mais il faut mieux vérifier avant). Elles ne comprendront pas les instructions, elles auront une question textile, ou tout simplement elles te remercieront.
C’est quand même cool d’accorder un petit moment pour répondre à toutes ces clientes qui ont pris le temps de t’écrire. Alors oui ça va te prendre du temps, mais ça te permettra d’analyser les problèmes de ton produit en vue de l’améliorer, de connaitre les besoins des gens pour poursuivre ton travail, mais aussi de récolter de la preuve sociale. Et ça c’est un super outil pour continuer ta communication.
Tu l’auras compris, vendre ses patrons et un travail monumental et j’ai certainement loupé des étapes comme déposer son modèle à l’INPI pour le protéger. Ca va te demander beaucoup de temps, des compétences diverses. Tu vas faire des erreurs et te planter parfois, mais c’est comme ça qu’on apprend. N’oublie pas que tu n’es pas toute seule, que la communauté couture et riche de personne qui souhaitent transmettre et aider. Le web regorge de ressources alors n’hésite pas à les utiliser.
Tu as désormais toutes les cartes en main pour vendre tes patrons de couture. Si tu as des questions, des précisions à apporter à cet article je serai très contente de te lire dans les commentaires, juste en dessous.
Tu as bien récapitulé la chose, je découvre ton site ! Je suis formatrice sur les logiciel Valentina et Clo3D j’ai beaucoup de personnes intéressée par la création de marque de patron, je leurs apprends a utiliser les logiciels pour créer leur patron sur Valentina et faire le prototypage en 3D, je leur apprends également a faire sur illustrator la mise en page des fichier de patron pour la gradation et l’impression.
Beaucoup ne savent pas comment s’y prendre concernant le processus autour de la création de marque de patron, certaines me posent des questions en privée je réponds mais prochainement je leur refilerai le lien de ton site pour lire l’article 😅 ce sera plus simple ! Le projet de création de marque de patron n’est pas toujours aussi simple, il y a beaucoup de casquette a porter 🤣
Hello Kamala,
merci pour ton commentaire. N’hésite pas à renvoyer vers cet article, si nos profils peuvent être complémentaires c’est super.
En effet il y a des tonnes de choses à penser. Créer un patron pour le commercialiser ce n’est pas seulement créer un patron et le coudre 😆
Bonjour
Merci pour le temps que tu a pris pour cet article et les autres qui sont tous très interessant.
Sa ma permis de restructurer mon idée de commercialiser des patrons.
J’espère qu’il y en aura d’autre 🙂
Bonjour Nabila,
merci pour tes encouragements. En effet il y’en aura d’autres puisqu’à la fin du mois il y aura le premier article d’une série d’autre sur des expériences de créatrices de patron. Elles ont acceptés de partager leurs témoignages et j’ai posé des questions très concrètes pour que celles qui veulent se lancer sachent dans quoi elles se lancent.
Bonjour je ne suis pas d’accord avec le fait de créer un patron en partant d’un Burda… C’est de la copie , même de la contrefaçon. On part d’un patron de base pas d’un top de chez Burda.
Sinon ton article est top et complet, merci
Bonjour si le patron est assez transformé et n’est plus identifiable ce n’est pas une copie. C’est ce qui est pratiqué en école et dans l’industrie. Un modéliste à qui on demande un modèle, ne repartira pas forcément de sa base à chaque fois mais partira du patron qu’il a en sa possession qui s’approche le plus du résultat escompté. Peu importe la provenance du patron du moment que des modifications visibles et en nombres sont bien appliquées. 😉
Heu c’est une blague ? On part d’un patron de base. C’est trop facile sinon! C’est de la contrefaçon, c’est une légende les 7 erreurs. Il ne faut pas induire en erreur les créatrices ou dans ce cas celles qui copient!
Bonjour Bénédict, j’apprécierai que nous continuons à garder un ton cordial sur ce blog. Je vous invite à lire cet article de Couturette : https://www.couturette.fr/sinspirer-nest-pas-copier/
De plus une contrefaçon par imitation ne peut être prouvée que si l’objet peut « induire la confusion d’un consommateur d’attention moyenne ». J’ai bien précisé dans mon dernier commentaire qu’il faut apporter des modifications notables au patron (élargir, rétrécir rajouter des découpes, retravailler le col, etc…). Pour ma part je suis capable de créer un patron à partir d’un magazine et vous ne pourriez en aucun cas savoir si ma base est issu de mon stock ou d’un magazine. De plus si on commercialise des bases, est-on un copieur de la dîte personne qui aurait énoncé les règles pour tracer cette base? Si on demande a une modéliste un enième tee-shirt, va-t-elle repartir d’une base et reprendre tout le travail, ou partir sur le dernier produit qu’elle a développé pour gagner du temps? Je ne fais que relater ce qui se passe dans les industries et les écoles (c’est mon expérience, je n’ai pas eu le sentiment que mes collègues copiaient). Je comprends que vous ne partagiez pas le même avis, mais je n’ai pas l’impression d’induire les créatrices en erreur. Je n’ai jamais conseillé de copier. Libre à chacune de se faire son propre avis et de commercialiser ce qu’elle veut. Avec l’approuvement de votre commentaire elles pourront prendre connaissance des deux avis alors merci pour votre intervention.
Il y a une différence entre s’inspirer comme de la mode des années 50 et se servir d’un Burda faire quelques modifications et hop vendre le patron.
Ce n’est pas éthique, libre à vous de le faire … Mais l’encourager…. Je ne suis peut être pas prof de couture mais les collègues avec qui j’évolue partagent ce point de vue. Être original, créer dessiner son patron de a à z c’est la base du métier…. Ça permet d’être original et authentique… Et en paix avec ma conscience
Bonjour Orane, article très très intéressant, un grand merci! Je suis ingénieur et je fais un master en Architecture mais mon amour premier est la couture. Je trouve rarement ce que je cherche en terme des patrons malgré l’énorme diversification des sites. J’ai découvert le logiciel CLO3D et je me suis acheté quelque livres de modélisme.. j’ai réussi à faire des créations à ma taille et une fois qu’on sait faire sur mesure on veut plus acheter du prêt à porter! Je pense de temps en temps que ce serait top de partager mes créations si je m’applique et je les rendent plus standard! … je vais voir…
Concernant votre commentaire de la transformation du burda, je suis d’accord, en bâtiment, en art et design on peut toujours choisir notre base de départ tant qu’à la fin il y a notre touche personnel qui transforme le modèle initial, j’aime revisiter les patrons de mes designers préférés.
Merci encore pour votre contenu de qualité.
Merci pour ce commentaire.
Moi même issue de l’archi (mais arrêtée bien avant le master!) et du design, j’ai toujours utilisé le travail des autres que j’ai disséqué, réarrangé, jusqu’à en faire une proposition qui me convenait. C’est le principe même du développement de produit. Merci pour votre intervention 🙂