Les tâches d’une créatrice de patrons

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Bienvenue dans ce troisième article témoignage sur les créatrices de patrons. Si tu as raté les présentations de Guillemette, Elisabeth, Coralie, Claire, Mélodie et Katia, tu peux y accéder ici. Et pour un point plus juridique, c’est l’article 2 qu’il te faut. Et pour connaître l’envers du décor et les montagnes russes du Sew’preneuriat c’est ici.

Pendant ces derniers mois de veille, j’ai vu beaucoup de créatrices de patrons “déchanter”. Quand elles se sont lancées et rendues compte que non créer des patrons ce n’était pas du tout passer des heures derrière sa machine à coudre. Je dirais même que c’est tout l’inverse ! 85 % derrière un écran et 15 % de couture.

Dans cet article, avec les créatrices qui m’ont fait le plaisir de témoigner, on rétabli la vérité !

Les différentes tâches du métier :

Voilà une liste non-exhaustive de ce que les créatrices de patrons font : patronnage d’un produit, prototype, rectification, prototype 2, rectification 2 (et autant qu’il en faut !), prise des photos ou des vidéos pour le tutoriel. Il y a aussi les dessins pour le tutoriel et sa mise en page. La préparation des shootings, la coordination des intervenants, les photos et les retouches photos ! Puis la mise au point du patron sur l’informatique, sa gradation, sa mise en page (marge, pdf, etc.). La mise en ligne sur le site avec les fiches produits.

Oups, j’ai été trop vite (j’ai oublié la partie entrepreneuriale.) : la création de ton site, et sa mise à jour. Le démarchage pour trouver des revendeurs, ou pourquoi pas un imprimeur. La mise en pochette, l’expédition, les allers et retours à la poste, les participations aux événements (salons, cours de couture, etc.). La comptabilité, la gestion, la résolution des problèmes, la gestion des clients pénibles, le papotage avec les clients trop cool. La gestion de la fraude (coucou les copies et le plagiat). Puis la gestion des réseaux sociaux, la stratégie éditoriale, la création des visuels, la rédaction des contenus, la gestion des mails et des DM… Je continue ? Parce que je peux !

Comme tu peux le voir les tâches inhérentes à la machine à coudre n’ont pas dépassées les 2 premières lignes ! Ne te lance pas dans cette activité pour coudre toute la journée, tu seras déçue. Si tu souhaites te lancer dans cette aventure, c’est parce que tu sais que tu vas devoir mettre les mains dans le cambouis pour gérer toutes ces choses. Ou alors que tu as un budget conséquent pour déléguer certaines de ces tâches.

Où et quand travailler ?

Nos créatrices travaillent pour certaines de chez elles dans leur bureau atelier. Pour les autres, elles ont fait le choix de travailler en extérieur. Élisabeth loue un local (le statut de la SARL est parfait pour ça.). Et Guillemette, part travailler la partie numérique de son travail dans un coworking. Quand on se lance ou qu’on est très solitaire, on peut adorer travailler tout seul. Mais à un moment entre les murs de nos ateliers, on peut commencer à ressentir le besoin de sortir. Ne serait-ce que pour préserver sa vie perso et réussir à ne pas tout mélanger, pour soi-même et notre entourage. C’est par exemple mon cas. Ce qui me sauve : les 2 demi-journées où je bosse pour le garage de mon conjoint, elles me permettent de voir du monde et donc de prendre l’air.

Si tu as suivi jusque-là, tu sais que 3 de nos créatrices ont un emploi à côté de leur activité. Alors il est parfois difficile de s’octroyer du temps pour développer son activité. Coralie enchaîne les journées à rallonge puisqu’elle commence à 8h du matin et fini vers 1h en intercalant deux créneaux de 2h30 pour son travail alimentaire ! Les autres travaillent le soir après leur travail et y consacrent leur week-end. Il est donc parfois difficile de trouver la motivation de se lever le matin!

Pour les créatrices pour qui c’est l’activité principale, on retrouve des horaires plus “conventionnels” à savoir 8h/9H jusqu’à 18h/19h.

Équilibre vie pro, vie perso :

Mais quand on bosse chez soi, ou qu’on a sa propre entreprise, il est difficile de faire taire son cerveau, ou même de s’arrêter à une heure précise. Ça déborde souvent sur la vie perso et il est parfois difficile de se mettre des barrières. Alors voici quelques solutions que nous partagent nos créatrices :

  • “Si un jour de congé saute et que par exemple, on se retrouve à travailler un week-end, il peut être judicieux de prendre ce jour de repos la semaine qui suit”, un RTT d’entrepreneur (Guillemette).
  • “Ne pas apporter son travail à la maison” (Guillemette). Pour ma part, je ferme la porte quand mon bureau m’insupporte, mon rêve secret avoir un atelier cabanon de jardin comme Claire !
  • “Prendre du temps avec ces proches et profiter d’eux à 100 % dans ces moments-là” (Coralie).
  • “Ne pas travailler quand on y arrive.” Si vous êtes salarié, vous avez sûrement dû faire l’expérience de rester là à travailler et à ne faire que des bêtises tout simplement parce que ce n’est pas votre moment. Des fois, il vaut mieux lâcher, aller prendre l’air et y revenir plus tard (Guillemette).
  • “S’habiller et se préparer avant d’aller travailler” (Coralie).
  • “Écouter son corps, quand on est fatigué, on sort rarement des pépites ! Mais plutôt des crashs informatiques !” (Coralie)
  • “Prendre un local pour éviter les reproches de son conjoint et ses enfants.” (Élisabeth)
  • “Prendre du temps pour soi (cette expression n’est pas un gros mot, tu as le droit.).
  • “Faire du sport” (Claire).
  • “Essayer de respecter son heure de coucher” (Mélodie).

De manière générale et pour rester dans la même dynamique que mes proches, je m’efforce de garder à peu près le “rythme de bureau des salariés”. Et à moins d’un gros pépin ou d’une vision trop optimiste de mon planning, je ne travaille jamais après 20h et surtout pas après le repas. Sinon je ne vais tout simplement pas réussir à dormir et cela impactera les jours qui suivent (Orane).

Les sollicitations extérieures :

Une grosse partie du travail consiste à interagir avec sa communauté. Même si nos créatrices n’ont pas pignon sur rue, elles ont quand même des clients avec qui elles doivent interagir pour vendre leurs produits, mais aussi pour consulter les besoins sur le terrain et adapter leurs offres à vos besoins. C’est une relation privilégiée que tout entrepreneur doit chérir pour faire vivre son entreprise. Certaines relations deviennent alors des amies ou des partenaires de travail. Mais toute cette partie “relation commerciale”, prend énormément de temps !

Chez nos créatrices, le nombre de sollicitation varie entre 20 à 1 par jour. Une sollicitation, c’est très facile de pouvoir la caser dans son emploi du temps, mais quand il faut commencer à répondre à 20 personnes tous les jours voir plus en période de lancement, il va falloir planifier un créneau dans ton emploi du temps pour avoir le temps de chouchouter ta communauté. Nos créatrices aiment te répondre, elles essayent de le faire en moins de 24h, certaines s’accordent entre 30 minutes et une heure par jour pour être sûres de ne pas être submergées.

Les personnes malintentionnées

Parlons des personnes malintentionnées. De celles qui râlent, car sa commande n’arrive pas malgré les mots d’absences placardés sur chaque partie du site. Pour ma part, on m’a déjà dit que je faisais partie des “requins de la mode qui ne donnaient jamais rien, mais qui se faisait un plaisir de se remplir les poches de fric” (du haut de ma petite communauté). Alors imagine-toi, recevoir ce genre de message de mauvaises personnes, car oui plus la communauté est grande plus tu seras soumise à ce genre de comportement. Aux accusations de copie (c’est parfois justifié, parfois non), aux déballages “médiatiques” et aux réglements de compte par stories interposées.

Les réseaux sociaux ne sont pas un monde de Bisounours ! Et les créatrices de patrons sont des personnes comme vous et moi avec un cœur. Ce genre de message peut vraiment blesser. Même si elles conseillent toutes de répondre avec humour et politesse (ou de bloquer la personne), ce genre de comportement peut largement bousiller ta journée voir ta semaine. Que répondre à la personne qui vous dit “je n’ai pas le budget pour, du coup, tu veux bien me donner ton travail ?”. Il y aura toujours des personnes qui ne sauront pas reconnaître ton travail.

Les partenariats

Mais il y a les autres. Ceux avec qui vous partagez les mêmes valeurs. Naissent alors des partenariats (rémunérés ou pas). Et plus ta communauté est grosse plus tu as la chance d’en développer. C’est à la fois utile pour ta visibilité puisque tu vas toucher l’audience de la personne avez qui tu collabores, et c’est aussi le moment de travailler en équipe, de te challenger et de changer un peu ton quotidien. Nos créatrices ont confirmés que plus la notoriété est importante plus des partenariats chouettes s’offrent à elles.

Maintenant, que tu en sais un peu plus sur ce métier, as-tu de nouvelles questions ?

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