On me demande souvent comment grader des patrons informatiquement, c’est-à-dire créer les tailles plus petites et plus grandes pour le patron que l’on a informatisé. Chez Indé’Sew, on utilise deux solutions via deux logiciels. Je te partage donc ces deux techniques pour que tu puisses te faire ton avis sur celle que tu aimerais utiliser pour tes propres gradations.

La Gradation de patrons de couture

Grader un patron de couture, c’est ajouter les grandes et petites tailles qui entourent notre taille de base. Il y a des règles à respecter.

Premièrement, si on souhaite créer des patrons du 34 au 46, la meilleure solution est de développer un patron au milieu de la gamme, soit le 40. Tu n’es pas obligée de respecter cette règle à la lettre, mais c’est mieux.

Deuxièmement, on ne grade pas un patron du 12 ans à la taille 52 (ou je m’étouffe avec mon thé). Il est évident qu’un ado portant du 12 et un adulte portant du 52 n’auront clairement pas les mêmes volumes aux mêmes endroits. Donc on ne triche pas ! Il faut dissocier ses gammes : la gamme “enfant/ado” de la gamme adulte. Et créer deux patrons de base pour chacune de ces gammes. Et on n’oublie pas le premièrement cité juste au-dessus.

Troisièmement, et pas des moindres, il te faut un tableau de tailles ! Mais ça, ce n’est pas une mince affaire, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Tu vas en trouver à gogo, des tableaux de tailles. Partout sur la toile, dans les livres, mais moi, je te parle d’un vrai tableau de tailles, adapté à ta clientèle… Et là, ça se corse ! Les tableaux de tailles que tu vas trouver sont faits pour des morphologies en X, et souvent bien trop brefs en ne citant que 3 ou 4 lignes, ne te permettant pas de développer ta gradation sur toutes les lignes du corps.

Pour en savoir plus sur le sujet de la gradation, je t’invite à redécouvrir mon article : ici !

La gradation sur logiciel

Jusqu’à présent j’ai pu réaliser trois types de gradation différentes sur Logiciel.

Modaris : la grada appliquée par le modéliste

Tout d’abord, sur Modaris (lorsque j’étais prof à l’Éducation nationale), où, pour chaque point sélectionné, je précisais les évolutions à appliquer pour chaque taille en fonction des écarts trouvés dans mon tableau de tailles. Il me suffisait d’associer mon patron à un fichier taille et de remplir ce petit tableau. Ma gradation était aussitôt visible à l’écran.

Illustrator : la gradation étape par étape

Sur ce logiciel, on peut très facilement créer des déplacements de points pour chaque taille. Il te suffit pour cela de dupliquer ton patron de base autant de fois que tu as de tailles et de tout classer dans différents calques en appliquant différents styles de traits.

Envie d’apprendre à faire tout cela ? Rejoins la formation indispensable aux créatrices de patrons de couture : ici.

Ensuite, taille par taille, tu vas venir appliquer un déplacement (très précis via le logiciel) des écarts de gradation que tu as obtenus dans ton tableau de tailles.

Le petit hic dans cette méthode, c’est qu’elle est un peu répétitive, et autant elle est simple, autant la répétition des opérations peut vous rendre un peu zinzin et te faire oublier des étapes. Cela crée inévitablement des erreurs.

Mais j’ai trouvé une solution : utiliser une fonction d’Illustrator, appelée “Script d’action”, qui te permet d’expliquer à Illustrator quelles sont les étapes que tu répètes en boucle. Ainsi, le logiciel mémorise à ta place la succession des étapes à appliquer, et toi, tu n’as plus qu’à taper sur un seul bouton pour dire à Illustrator où tu souhaites appliquer telle ou telle évolution.

Avec la gradation sur Illustrator, on voit tout de suite toutes les tailles que l’on crée, ce qui permet de voir très rapidement ce qui peut possiblement poser problème. Un atout que j’aime bien.

Quelques exemples que j’ai pu créer pour ma gradation sur Illustrator (lien affilié). Et ça marche aussi avec les valeurs de couture.

Envie d’apprendre à automatiser ta gradation sur ce logiciel ? Rejoins cette formation : ici !

Valentina : la gradation automatique et invisible

Alors avec Valentina, c’est simple, je ne grade pas ! Eh non, le logiciel le fait automatiquement pour moi. Et tout cela est rendu possible grâce au caractère paramétrique du logiciel.

Valentina, c’est en fait une suite de logiciels composée de Tape, Valentina et Puzzle. Là où ce dernier logiciel te servira à imprimer tes patrons, le premier te sert à encoder tes tableaux de tailles. Il a deux manières de fonctionner. La première avec des tableaux de tailles individuels, parfaits si tu fais de la création sur mesure pour des clientes. La deuxième manière est la création d’un tableau multi-tailles, idéal si tu fais de la création de patrons de couture standardisés ou des petites séries de vêtements.

Le secret de la gradation entre Valentina et Tape repose sur la connexion entre ces deux logiciels !

Voici à quoi ressemble un tableau de tailles individuel sur Tape :

Tu trouves ces mensurations bizarres ? Ce sont les miennes ! Ne viens pas me dire que je suis bizarre 😂

À gauche, j’ai utilisé des appellations données par le logiciel, appelées des “paramètres”, mais j’en ai aussi créé d’autres. Et pour te dire la vérité, il vaut mieux créer toutes tes désignations plutôt que d’utiliser celles du logiciel. Par souci de traduction, celles déjà implantées dans le logiciel peuvent tout faire crasher.

Ensuite, je construis mon patron sur Valentina, mais en utilisant des fonctions plutôt que des mesures. J’ai par exemple dit à Valentina de tracer mon “bust_circ” (pour mon tour de buste), plutôt que de tracer une ligne de 105 cm. Bien évidemment, on divise par 4 pour un quart de patron et on ajoute l’aisance (mais j’essaye de faire simple dans mes explications).

Et voilà j’ai construit mon buste de base :

Il correspond à mes mensurations.

Mais si j’ai envie de le mettre aux mensurations d’une cliente? Ou alors de le transformer en patron de couture standardisé pour le commercialiser ? Comment faire ?

C’est là que Valentina est très fort. Il suffit de créer un nouveau tableau dans Tape, individuel ou multi taille en fonction des besoins. Et de reprendre exactement les mêmes paramètres (définition plus haut) que ceux utilisés pour votre construction. Puis il faut enregistrer son tableau et le charger dans Valentina. Le patron se mettra alors automatique aux nouvelles mensurations.

Si tu importes un tableau multi-taille, tu pourras jongler entre les différentes tailles. Le problème c’est que tu ne pourras pas les visualiser en même temps à moins de toutes les exporter et de les réunir sur un logiciel vectoriel comme Illustrator.

Ici tu ne calcules pas les écarts de gradation dans ton tableau de taille, Valentina se charge lui même de modifier les différents tracés en fonction du tableau en lui même. Tu n’as donc même pas à maîtriser les règles propres de la gradation via ce logiciel.

Alors quelle méthode utilises-tu ou penses-tu utiliser ?