On se retrouve ici pour parler des erreurs que j’ai commises avec mon premier statut d’autoentrepreneuse : Orane Fabrik’. Cet article va me permettre de te présenter ma première microentreprise couture et ses chiffres. Cette introspective est un moyen pour moi de poser ici les 5 erreurs que je ne dois plus reproduire dans cette nouvelle création d’entreprise : Indé’Sew.
Identité d’Orane Fabrik’
Orane Fabrik’ c’était ma microentreprise ouverte le 1er novembre 2016 et clôturer le 11 septembre 2018. J’avais très envie à l’époque d’essayer de créer mon entreprise de couture, mais j’étais jeune et pas forcement confiante en mes capacités. Je bossais depuis quelques mois chez un façonnier de luxe, et même si c’était formateur je m’ennuyais grandement. J’étais partagé entre proposer une activité de vente de vêtement artisanaux réalisés par mes soins, ou proposer des services (retouches et ateliers).
Un jour une ancienne prof m’explique qu’une de ses amies cherche quelqu’un pour animer des ateliers de couture dans une association.
Le feeling ayant opéré j’ai créé mon entreprise pour pouvoir facturer mes prestations de service le plus rapidement possible. Tu l’auras donc compris je n’ai pas vraiment réfléchis à la création de cette microentreprise, elle s’est imposée à moi.
En chiffre ça donne quoi ?
Parlons du nerf de la guerre : argent.
Premièrement je vais te donner le chiffre de mon CA pour chaque année :
- En 2016 j’ai facturé 537€ d’atelier (donc pour 2 mois),
- en 2017, 5745€ répartis entre retouches et ateliers (les ateliers restant ma source de revenu n°1),
- et en 2018, 1037€ sur deux mois uniquement en atelier.
Suite à cela je n’ai plus facturé car je n’avais qu’une session d’atelier pour le début d’année scolaire. J’ai été licenciée économiquement de mon entreprise et d’autres opportunités se sont offertes à moi (Prof en Lycée Pro).
Mais attention ces 7319€ pour 16 mois n’ont pas fini directement dans ma poche. Il y a eu des charges sociales (j’avais l’ACCRE qui à l’époque diminuée les charges URSSAF pendant 3 ans), la CFE, mais aussi des frais de fonctionnement et de fournitures. Je n’étais pas soumise à la TVA. En détail :
- À la création de mon entreprise, une imprimante, du tissu pour les premiers protos, de la mercerie, des étiquettes à mon effigie et des cartes de visite pour un total de 253€.
- En 2016, sur 2 mois j’ai dépensé 63€ (emplacement pour le marché de Noël + Tissu) + 33€ de charge sociale. Pas de Cotisation Foncière des Entreprises pour moi la première année.
- En 2017, j’ai dépensé 1451,6€ avec 115€ de CFE et 364€ de cotisations sociales. Mes plus gros postes de dépenses ont été forcément le tissu et la mercerie mais aussi une centrale vapeur, une nouvelle machine familiale (Brother FS 40) et mon enseigne (quand j’ai lancé mon activité de retouches après mon licenciement économique).
- En 2018, 220,83€ pour deux mois de facturation.
Soit un total de 1988,43€.
Il restait donc 5330,57€ pour 16 mois d’activité (je compte ici les mois où j’ai réellement travaillé). Soit une moyenne de 333€ net/mois. J’étais plutôt payée correctement pour le temps de travail effectif. Certains mois me demandaient 40 heures de mon temps, d’autres 0.
Attention j’avais un autre emploi en même temps, et quand j’ai été licenciée, j’ai eu le maintien de mon salaire pendant un an. Cette activité était donc le moyen de mettre du beurre dans mes épinards et pas du tout un revenue nécessaire pour payer mes charges perso.
Les 5 erreurs que j’ai commises dans mon entreprise de couture :
Aujourd’hui avec 3 ans de recul je suis en mesure d’identifier tout ce que j’ai mal fait et ce qui aurait pu être amélioré. Je t’emmène dans mon top 5 des erreurs que je ne reproduirai plus (du moins je l’espère) !
1 – Ne pas chercher de client pour son entreprise.
Je n’ai jamais prospecté, je ne sais pas me vendre, et pour moi ce n’est pas du tout naturel. J’aurais l’impression de forcer la main à quelqu’un, c’est une idée qui me déplaît au plus au point. J’ai eu la chance d’avoir cette association qui me fournissait pour 80% de mon chiffre d’affaire. Grâce au bouche à oreille, j’avais trouvé une deuxième association. Quant à mes activités de retouches elles ont démarré suite à un article dans le journal. Je n’ai rien fait de plus. Le problème c’est qu’un jour l’URSSAF a décidé que l’association qui était mon client n°1 ne pouvait plus faire appel à des animateurs indépendants et qu’elle devait les embaucher. Je suis donc devenue leur employé, mais le chiffre d’affaire de mon entreprise s’est cassé la figure de plus de 80%. Tout miser sur un client et le perdre ça fait mal !
Arrive ce moment ou il reste tout de même la CFE, et des démarches à faire tous les mois (certes simplifiées) pour quelques retouches à droite à gauche. Et franchement pour quelques euros, cela ne valait plus la peine.
2 – Installer mon activité de retouches à domicile.
Quand j’ai commencé cette activité, j’ai fait paraître un article dans le journal, et j’ai posé une enseigne sur le pignon de ma maison. Je n’avais pas de panneau précisant mes horaires d’ouverture. J’avais lancé cette activité alors que je n’étais pas encore totalement licenciée, je procédais donc avec des heures de permanence le soir.
Le problème quand on est pas clair, c’est que les clients en profitent. Je n’étais pas une boutique mais c’était tout comme. Les clients qui débarquent avec 1h30 de retard (c’est à dire à 20H30), quand on est chez soi, qu’on peut potentiellement sortir de la douche, ou faire tout autre chose, ça peut vite devenir désagréable. Ne parlons pas des gens qui débarquent le weekend, oui oui dimanche compris. Les clients qui oublient leur retouche pendant 6 mois, et qui ne sont pas pressés, seulement tu n’es pas une halle de stockage !
Recevoir dans sa pièce principale ça implique aussi que chez toi, cela soit propre. Je veux dire par là que tu n’as pas d’autre choix que de faire la vaisselle. Et clairement y a des fois ou j’ai pas envie !
Tu l’auras donc compris, travailler de chez moi avec un grand oui, mais recevoir des clients, non très peu pour moi. J’aime bien que mon chez moi reste mon chez moi ! Ou alors avoir la chance d’avoir une entrée indépendante !
3 – Accepter tous les « chantiers » couture inimaginable
Plus jamais je n’accepterai tout et n’importe quoi (je dis ça mais, je risque de flancher je me connais). Se lancer dans des réparations, où tu manques cruellement de tissu, tout ça pour faire plaisir à une cliente pour des clopinettes ce n’est clairement pas rentable. Et tu as beau aimer la couture, si tu en fais ton activité c’est pour pouvoir en vivre. Pas forcément gagner des millions, mais payer tes charges et manger correctement me semble déjà être la base.
Dans la catégorie atelier, on retrouve les interventions gratuites. Les grandes enseignes qui te demandent de venir faire un atelier un samedi après-midi et qui se charge de la communication. Tout excitée, tu es contente car on te vend cela comme un moyen de te faire connaître. Je vous fais le topo ? Un samedi après-midi, dans une zone artisanale, par une belle journée de printemps. 5 clients ont franchi la porte du magasin, et il n’était pas au courant qu’il y avait un atelier couture. En bref j’ai perdu, mon temps, mon argent, et j’ai gagné 0 visibilité.
Je ne dis pas qu’il ne faut pas intervenir gracieusement, mais attention à la communication de l’évènement, au sens de cette intervention, à la cible visée, etc…
4 – Ne pas prendre son entreprise au sérieux et ne pas endosser son statut de chef.
Cette partie reprend un peu les erreurs précédentes. Je ne cherchais pas de clients, car le minimum de chiffre d’affaires qui tombait me convenait. Mais je sais qu’aujourd’hui j’aurais pu faire tellement plus avec une organisation bien ficelée. Si j’avais assis mon autorité en refusant certains chantiers ou interventions, j’aurais sûrement été plus prise au sérieux. J’aurais pu développer une autre image (pas que celle que je donnais était mauvaise), mais j’étais la petite retoucheuse du village et ce n’était pas ce que je voulais être. Moi je rêvais confection et transmission, pas raccommodage (attention j’ai un total respect pour les couturières qui vivent de la retouche. Ce n’est juste pas mon kiff).
5 – Je n’avais pas de stratégie de communication pour mon entreprise.
Et donc pas de client potentiel, pas de visibilité, alors comment espérer qu’on me propose des opportunités couture ? Je postais sur mon compte mes réalisations (aujourd’hui c’est devenu mon compte perso), sans stratégie de Hashtag, sans texte ciblé, sans partage… Il faut dire aussi qu’en 2017, Insta n’était pas encore développé comme aujourd’hui. Insta réuni quand même une très grande communauté de couturière et il serait dommage de s’en passer.
UPDATE 2024 : Insta n’est pas du tout le seul moyen de communication à votre disposition. La priorité c’est de se demander où son vos clients ? Et que lisent-ils, regardent-ils, etc… Ils n’ont peut-être pas un portable greffé à la main.
Les leçons à retenir de mon entreprise de couture et ces 5 erreurs
En pleine création d’entreprise : Indé’Sew, je me force à 1000% de sortir de ces travers. Notamment en communiquant. Cela me semble pour moi une solution plus qu’adaptée. Plus de communication, c’est potentiellement plus de visibilité, de client, mais aussi le fait d’être sûr de véhiculer mes valeurs !
En 2021, j’ai créé Indé’Sew, ma deuxième microentreprise et toujours dans le domaine de la couture. Forte de mon expérience en usine, mais aussi de mes années de professorat en lycée pro, j’ai développé une activité qui aujourd’hui me permet de vivre en aidant d’autres entrepreneuses à travers mes prestations de service et formations. Si tu souhaites je peux aussi t’accompagner dans tes projets entrepreneuriaux, juste ici !
Salut Orane, je comprends tellement les erreurs dont tu parles. La communication est clairement un point important. EN ce moment, je veux justement améliorer cet aspect, d’un point de vue personnel déjà sachant que je pense peut être garder le même compte insta pour le pro et le perso. Ce n’est pas encore certain mais pour l’instant je ne me sens pas d’animer 2 comptes. Enfin on verra bien. Prendre réellement sa posture de chef d’entreprise même s’il s’agit d’une « simple » micro-entreprise est important. J’en ai pris conscience il y a peu et je dois aussi travailler là dessus.
Coucou Gaëlle,
en effet dur dur de s’assumer comme gérante d’une entreprise (aussi petite qu’elle soit). C’est un travail de longue haleine qui je pense devient plus facile avec les années qui passent.
Pour ce qui est de la communication j’avoue ne pas m’être posée la question, je n’anime pas particulièrement mon compte perso donc il ne me prend pas de temps. Un compte pro me prend déjà énormément. Garder en régularité pour espérer se faire son chemin sur Insta n’est pas une mince affaire. Tu n’as plus qu’à clarifier cette aspect pour tes futurs activités. J’ai d’ailleurs vu que tu accentuais tes publications ces jours ci 🙂
Bonjour,
J’ai beaucoup ri pour la partie 3, et je me suis aussi beaucoup reconnu.
A l’époque j’ai ouvert mon auto entreprise et j’ai eu une super opportunité de boutique à petit loyer, grand espace et très bien implanté. Honnêtement ça a super bien marché, après mes charges (factures toutes confondues, urssaf, charges en tout genre etc) je parvenais à obtenir un CA net de 1500 à 2500 €/ mois dès la 1ere année. J’avais asser d’espace dans ma boutique ce qui me permettais d’augmenter mon CA car j’ai ouvert tout un espace mercerie (j’avais la chance d’avoir un pécule que j’ai investi dans l’entreprise au démarrage). Je faisais quelques créations quand j’avais du temps et qui ne restais jamais bien longtemps en boutique. Et je faisais énormément de retouches (beaucoup trop à mon goût, tout comme vous ce n’est pas ma tasse de thé, mais ça permet de ramener de l’argents). Également j’ai pris des chantiers que je ne voulais pas car je n’ai pas oser m’imposer. Tout comme accepter la cliente de dernière minutes pour un évènement 3 jours après… j’ai eu 1 mauvaise expériences qui m’a fait directement stopper les passes droits, je cédais de temps en temps aux clients fidèles lol
Personnellement si je rouvre une entreprise. Je réfléchirais sur quoi cibler mon travail. Créations, retouches, les deux ? Quels types de créations etc quel type de clientèle ciblé et surtout s’implanter en fonction. Ne pas céder aux caprices des clients et leurs imposer notre mode de fonctionnement et nos délais. Pas de passe droit en gros. Et surtout ne pas se dispersé dans trop de choses différentes a moins que l’entreprise évolue au point d’embaucher du personnel.
En tout cas ce sont de bons conseils. Je me suis vraiment reconnu par certains de vos points de vues et sensations durant votre 1ere expérience. Bonne continuation 🤗
Bonjour Marie,
merci pour ce témoignage. Encore aujourd’hui pas facile d’imposer ses conditions aux clients quand on veut rendre service. Mais c’est vrai que je constate que ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui imposent le respect !
Ravie que vous vous soyez reconnue dans mes propos.
Bonjour, je me suis reconnue,plus jamais ces erreurs car certains en profite. Merci du partage
Merci beaucoup Sandrine pour ce commentaire !