Entreprendre dans la couture : bilan de 3 super années

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Indé’Sew a fêté ses trois ans dans les services et formations de graphisme pour la couture et du modélisme. Seuls 36% des micropreneurs franchissent cette barre fatidique ! C’est donc d’une belle histoire de “réussite” que je m’apprête à te raconter ! Entreprendre dans la couture, c’est dur, mais qu’est-ce que c’est chouette.

Retrouve les articles précédents ici : mes un an, mes deux ans.

Comment ca va ?

Eh bien, ça va ! Les six derniers mois de ces trois années ont sûrement été les plus difficiles, mais, tout doucement et sûrement, l’envie revient avec la niaque de poursuivre. Pour te rappeler, voici à quoi j’attribue cette baisse de « tout » (efficacité, envie, productivité, moral, etc.).

Le Gang c’est “foutu” :

Mon projet de nouvelle plateforme de formation est tombé à l’eau ! Les prestataires qui géraient la plateforme n’ont pas fourni les services compris dans le contrat. Les pages de paiement crashaient les jours de lancement 😅. J’avais prévu un planning de cours bien trop conséquent. Je ne pouvais pas tenir (en terme de tournage, montage, et post-production), diminuant ainsi la qualité de mon contenu au service de la quantité. Le projet n’était pas en adéquation avec le budget des prospects. Alors oui, ça m’a fait mal, mais il a fallu abandonner le projet qui m’avait occupée plus de six mois ! Il a surtout fallu rebasculer tout le monde et tous les cours sur une nouvelle plateforme m’occupant presque 2 mois (c’est long et pénible de faire ça).

La saisonnalité :

Oui, on sait qu’il n’a pas fait beau dans le nord de la France ! Mais ce n’est pas de cela que je veux te parler 😩. Pour la troisième année, je valide le fait que mon activité est saisonnière. J’ai largement identifié une morte saison de novembre à mars/avril et un rush important d’avril à septembre/octobre.

Mon début d’année était donc réservé au Gang. 3 mois à bosser sur un projet qui n’a pas fonctionné avec très peu de contrat à côté. Et fin mars, en 3 mails/rendez-vous mon planning s’est rempli pour les trois mois à venir. C’est toujours aussi chouette à chaque fois que ça arrive. Donc il a fallu carburer ! Des contrats que je ne voulais pas manquer se sont rajoutés par-dessus. Et grâce a une organisation au poil, tout s’est très bien imbriqué. La cadence a été tenue, mais non sans mal. Les journées ont fini par devenir vraiment très difficiles pour mon cerveau, qui était épuisé !

En juin, tracas de santé pour ma fille, qui m’ont obligé à abandonner toutes mes activités “non client” (com, compta, prospection, etc.) Bref les dernières semaines avant les vacances ont été sur les chapeaux de roues et je ne veux plus jamais revivre cela !

Nouvelle année, nouveau projet :

Ce printemps compliqué ne m’a pas empêché de prévoir l’avenir de mon entreprise. Mon système de formation n’étant plus aussi efficace qu’auparavant, il me fallait trouver une alternative pour combler mon CA.

Le problème de certaine de mes formations, si on peut voir ça comme un problème, c’est qu’elles se sont bien vendues ! Et que je peine à trouver d’autres clients pour les vendre. La plus grosse raison que j’identifie parmi ma cible est le prix. Totalement justifié à mes yeux et aux yeux de mes clientes déjà conquises. Cette formation représente un budget qu’une entrepreneuse n’est pas forcément prête à consacrer pour se former.

J’ai donc pris l’initiative de contacté des organismes qui pourraient me recruter comme formatrice au modélisme numérique et qui par leur certification permettent le financement des formations. On verra où tout cela me mènera. Je reprends aussi un contrat de 60h annuelles, dans l’association où j’ai commencé pour dispenser des cours de couture à des particuliers. En parallèle, j’ai contacté d’autres organismes côté formation professionnelle et atelier de confection pour voir si, ensemble, nous avions des synergies.

Que de projet et de sortie de zone de confort. Après trois ans, j’ai besoin de défis, de retourner à ce que je sais faire de mieux, et surtout de sortir de mon bureau pour être au contact d’autres professionnels.

Les finances

Voici un aperçu de ce qu’ont donné ces trois dernières années :

CA 2022 : 23500€ ; 2023 : 34500€ ; 2024 : 22000€ – 23500€ (en prévision)

L’année 2024 est plus compliqué que toutes les autres assurément. Mais elle devrait s’aligner sur 2022. Même si je n’ai pas beaucoup utilisé mes aides au chômage, j’ai pour l’instant dû les activer sur 3 mois en complément de mes salaires, c’est plus que les autres années. Je compte sur la fin 2024 pour faire les quelques milliers d’euros qu’il manque actuellement à mon chiffre d’affaire.

La vérité c’est que mon CA reste à peu près stable. En 2023, suite a une opération commerciale agressive j’ai augmenté les revenus de mon entreprise de 40%. Sauf que je n’avais pas assez anticipé que faire cette offre (appelée le Black Crash) en fin d’année allait conditionner mon CA à une baisse drastique des rentrées d’argent début 2024. Mon challenge ambitieux pour cette année était de maintenir les très bons scores de l’année précédente. Mais j’ai vite vu que cela ne serait pas possible.

Mon organisation (autre contrat salarié, horaire de la nounou) fait que je travaille 3.5 jours par semaine sur mon entreprise. Il est donc important que je prenne cela en compte dans mon prévisionnel. Je ne peux pas espérer avoir une rémunération de temps plein, avec mon temps partiel.

La gestion du stress :

Après quelques années d’entrepreneuriat… Je suis devenue, je trouve, une warrior dans ce domaine. J’ai appris à gérer beaucoup de situation, grave ou moins grave, et pour moi chaque problème à sa solution. Ça ne sert donc à rien de stresser, je préfère poser les choses et réfléchir à la manière dont je vais les solutionner. Finalement, est-ce que ce n’est pas cela entreprendre ? Trouver des solutions à des problèmes. Quand on acquiert de l’expérience, le travail devient plus facile. Et pour moi résoudre les problèmes est devenu une activité de tous les instants qui ne me dérange pas plus que cela.

Pour la petite anecdote, cette année au garage de mon conjoint, nous avons été balancé (oui c’est le terme) à l’inspection du travail. Ça fait toujours plaisir ! Qui a dû s’en charger ? C’est moi ! Est-ce que j’ai stressé ? Non. A quoi ça aurait servi ? J’ai appelé mon comptable, pris les infos, pris acte des documents que je devais fournir, découvert des contrôles dont nous ne connaissions même pas l’existence, et HOP au travail ! Il n’y avait que cela à faire. Résultat : l’épreuve est passée avec brio après quelques longues heures de travail.

J’ai la sécurité :

Je ne peux pas me contenter de te dire que je gère hyper bien mon stress sans te parler de ma sécurité. Si demain mon entreprise coule, mes services ne trouvent plus preneur, etc… Que se passe-t-il ? J’ai deux petits contrats salariés. Un dans l’association où je vais retourner donner des cours, et un autre dans l’entreprise de mon conjoint (garage automobile). Dans mon secteur géographique il n’y a pas d’emploi pour moi. Ou alors je peux reprendre un emploi de mécanicienne en confection à l’usine, payée le SMIC, ce dont je n’ai pas très envie.

À chaque fois que j’ai peur pour mon activité, j’évalue toutes les possibilités à ma disposition pour ne pas redevenir salariée. Savoir que demain, je peux développer le service de carte grise au garage, apprendre à faire des vidanges et changer des pneus, m’aide grandement. Alors soyons honnête, devenir mécanicienne et passer ma journée à faire des papiers n’est pas le rêve de ma vie, mais cette entreprise manque de main d’œuvre. Sauf que ça me permettrait d’assurer mon salaire, tout en gardant une partie de liberté. Peut-être la chose la plus importante à mes yeux.

Mes grands défis :

L’acquisition de client

Je suis ultra nichée. Je ne m’adresse pas à toutes les couturières amatrices mais seulement aux créatrices de patrons de couture et professeurs. Ce qui réduit grandement mon nombre de client potentiel. Je ne suis pas en mesure de développer une communauté aussi grande sur les réseaux que les créatrices du secteurs, ma cible n’est pas aussi grande. Ayant déjà bien vendu mes premières formations, il est difficile pour moi, de toucher de nouvelle personne. Une des dernières formations que j’ai bien vendue a été acheté par 83% de personne déjà cliente chez moi. Mon taux de fidélisation est énorme ! Mais mon nombre de nouvelle cliente est bien trop bas pour réussir à continuer de la sorte. Je dois donc que j’augmente mon taux d’acquisition.

Les pistes

Aujourd’hui, je me sens bloquée sur Instagram. J’ai donc fait le choix de développer le contenu sur ce site, mais aussi d’aller au contact des gens, en m’orientant vers d’autres types de sociétés et la formation professionnelle. J’ai contacté diverses personnes, et les rendez-vous se feront sur le mois de septembre. Je ne peux donc pas en dire plus pour l’instant.

J’ai aussi dans l’idée depuis plusieurs mois de changer de format pour vous proposer quelque chose de plus proche de vous. Et en adéquation avec ton porte monnaie. Donc en fonction des réponses que j’aurais en septembre, je réfléchirai à ce nouveau format !

Je sais qu’il y a encore plein de chose à faire !

Pour cette quatrième année d’entrepreneuse dans la couture, je me souhaite :

Du repos ! Oui c’est pas forcement le premier truc auquel tu aurais pensé !

En vérité, ce n’est pas repos qui me manque, mais le “décrochage”! Je suis un peu beaucoup trop accroc aux écrans, mais surtout à mon téléphone et ma sacro-sainte boite mail. J’ai mis en place quelques hacks pour me sevrer et j’en sens déjà les bénéfices : retourner emprunter des livres à la bibliothèque, m’inscrire à un cours d’art plastique, marcher plusieurs fois par semaine. Je veux juste continuer sur cette voie, pour profiter de ma vie perso pour de vrai !

On se retrouve l’année prochaine, c’est sur, pour la suite de mes aventures !

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